Bureau du Lieutenant de Poligny : FERMÉ

Sur le chemin le ramenant à son bureau, Silver réfléchissait à ce qui venait de se passer. Que devait-il faire? Quelle attitude devait-il adopter? Quelle sanction prendre? Tant de questions auxquelles il avait un mal fou à trouver une réponse. Il se sentait confus, désorienté...

D'un geste machinal, il entrouvrit le col de sa tenue de cérémonie. Laisser son corps respirer, l'air affluer vers ses méninges... Une solution pour mieux réfléchir? Il en doutait.

A l'approche de la porte de son bureau, il aperçut la silhouette caractéristique du soldat Mitaine. A mesure qu'il se rapprochait, il avait cru l'entendre murmurer quelque chose mais cela lui était encore assez inaudible...
Sans adresser le moindre mot au soldat dans un premier temps, il plongea sa main vers la grosse poignée de la porte, la saisit et ouvrit d'un geste sec.

Soldat Mitaine, vous avez fait très très fort sur ce coup là... Entrez je vous prie et prenez de quoi vous asseoir, nous serons plus à l'aise à l'intérieur pour discuter.

Le Lieutenant en profita pour en faire de même. Il prit place sur son énorme siège et croisa les bras. Les mots qui s'échappèrent alors de sa bouche furent on ne peut plus simples et clairs.

Je vous écoute...

Communicatif Nombre de messages : 369 Date d'inscription : 31/01/2008

Le voyant approcher, elle laissa glisser le pied posé sur la pierre pour retrouver son équilibre. Porte ouverte, elle le suiva et prit place devant lui comme il le lui avait demandé.

Il voulait l'écouter, elle voulait se cacher. La Belle prit une longue respiration ne sachant par ou commencer. Des souvenirs pénibles la faisaient palir, des souvenirs lointains, des souvenirs qui lui avaient dicté ses paroles.

Elle plongea ses yeux dans les siens et ne les lacha plus commencant à laisser le flot de paroles débouler.

Janvier 1455, Vendômes, une prise de pouvoir d'un Comté, un Capitaine d'un Duché lointain ordonne à ses hommes de franchir le ruisseau qui les sépare de l'ennemi. Deux Lieutenants qui avaient une confiance aveugle en cet homme de grand pouvoir. Deux Lieutenants qui obéissèrent et firent traverser leurs troupes. Ce Capitaine qui rêvait de médailles et de fiefs en tant que récompense, leur a mentionné que les alliés étaient tout près d'eux, que la victiore serait rapide et facile.

Elle prit une pause, le regardant, se demandant si il avait vécu cet affrontement, si ses comparses Lieutenants avaient combattus cette nuit là, puis reprit.

Les forces alliées étaient à plus de 2 noeuds, mener par des Capitaines qui savaient fort bien que leur présence était plus que nécessaire. Les discussions allaient bon train entre les gradés, les Sergents, les Caporaux et les soldats qui allaient au plus vite pour rejoindre les troupes au front. Le drame se jouait au même moment sans que l'on s'en doute.

Ceux-ci ne savaient point que l'ordre avait été donné d'attaquer, de foncer quoiqu'il arrive. Les deux Lieutenants ont commencé à avancer malgré le fait qu'ils savaient compter le nombre de soldats qui était face à eux, sachant qu'ils devraient désobéir pour sauver leur vie. Traverser ce fichu ruisseau et tout serait fini, il pourrait enfin rentrer chez eux avec leurs hommes, revoir leur famille, leur être aimé et être fiers du devoir accompli.

Les armes ne furent pas longues à s'entrechoquer, les flèches volaient et les hommes, ces hommes vaillants, courageux et obéissants sont tous, sauf exeption près, morts sur le champ de bataille.

Elle le fixait toujours mais cette fois, ses yeux, s'étaient remplis de larmes, une eau qu'elle ne pouvait retenir.

Quand nous sommes enfin arrivés, ce champ de bataille était mort, le ruisseau ne contenanait qu'un lourd filet d'eau rouge, les corps gisaient de pars et d'autres, les gémissements fussaient.

Les Loups de Champagne, cette Armée si forte était tombée au main de l'ennemi en quelques secondes. Une armée complète venait de disparaître. Le spectacle était désolant.

Les Lucioles avait remporté une victoire sabrante, une victoire sale et injuste. Nous étions arrivés trop tard. La seule tâche qu'il nous restait à faire fut de ramener au campement les quelques blessés agonnisant et les morts.

La Belle se tut quelques instants. Comprendrait-il maintenant le pourquoi de son indignation d'un Capitaine non présent, un Capitaine qui passe que deux mois en poste puis est remplacé par un autre. Le pourquoi de l'importance de se rendre en Caserne, de vivre ses hommes, ses guerriers.

Ce Capitaine était toujours dans son Comté, dans les chambres du Conseil, ayant donné un ordre, sachant très bien que ses hommes obéiraient, non seulement parce qu'ils étaient guerriers mais car leur code militaire interdissait insubordination.

Ce Capitaine savait fort bien que les Troupes alliées étaient à plus de deux noeuds et que cette attaque était envoyer son Armée à la mort. Mais qui s'en souciait, personne ne devait, personne ne pouvait parler.

Lieutenant, une longue guerre s'en suivi, une guerre que jamais je n'oublierai car j'étais jeune soldat à cette époque.

Février 1455. Nos forces étaient à bout de souffle, la désobéissance était de mise. L'ennemi, ces Lucioles qui avait des troupes de grande taille, était dans leur territoire. Nous nous sommes retirés pour refaire nos forces, soignés nos blessés. Cet affront fut pris pour désobéissance et nous avons été menacé de procès. À ce moment j'étais dans l'armée de la Princesse Armoria. Un Capitaine têtu voulait avoir notre peau. Nous avons accepté les conséquences de nos actes mais Armoria a refusé de nous collé un procès à la peau invoquant que parfois le code militaire se doit d'être contourné si la logique le veut ainsi. Déjà que la Champagne n'avait plus d'armée il ne fallait pas que d'autres Duchés subissent le même sort selon elle. Décision qui fut appuyer par le Roy et le Prince Juju.

Elle se tut, son regard toujours plongé dans le sien. Elle le savait intelligent, posé et à l'écoute. Il ne venait d'avoir qu'un seul de ses exploits, une seule des guerres parmis toutes celles qu'elle avait vécu. Mais serait-ce assez pour qu'enfin il la voit comme une ressource, qu'il se batte pour elle ? Elle savait qu'il comprendrait la comparaison mais osa continuer.

Les autres Lieutenants de cet Ost, ceux qui m'ont fait de gros yeux ronds, ceux qui veulent vous voir me foutre à la porte de cet Ost, ont-ils vécus Vendômes? Savent-ils ce qu'est la guerre de Normandie? Ont-ils mis les pieds à Fougères pour faire battre en retraite les Bretons? Ont-ils vécus la pire des guerres du Royaume?

Ils croient qu'ils ont tout vu, qu'ils ont beaucoup vécus mais ils se trompent...

Elle le regardait toujours et toujours. Son passé, elle le portait en elle, ses blessures elle les vivait tous les jours en faisant sa toilette, les marques d'épée ne quitte jamais le corps qu'il a croisé.

Vous venez de vivre la pire des décisons qu'une Armée peut demander à des soldats...les envoyer tête première vers la mort et ce au nom d'un Code militaire. Maintenant je vais vous justifier mes dires car je sais que vous avez honte de moi, que vous vous demandez quoi faire de ce soldat soit disant insubordonné.

Elle sourit tout bonnement

Rien de ce que j'ai dit n'était irrespectueux. Rien de ce que j'ai pu prononcer était de l'insubordination. Je ressent en cet Ost, deux clans, les gradés qui oublient qu'ils furent un jour soldat et les soldats qui crèvent de peur, qui sont laissés à eux même, des guerriers qui se présentent dans des cérémonies fastidieuses qui ne veulent rien dire.

Des médailles...on ne remet pas des médailles pour une ronde entre deux noeuds, on remet des médailles pour un acte de bravoure extrême, pour avoir donné des mois à une cause, pour le courage.

La Belle sortit de sa poche médailles et décorations les posant sur le bureau du Lieutenant.

Celles-ci, je les ai gagné à me battre, à retourner en rampant sur le Champ de bataille pour ramener au campement des blessés malgré le danger d'y laisser ma peau. Elles font parti de moi. Savez vous que l'on m'a interdit de les porter? Saviez vous qu'on m'a dit qu'ici elles n'ont aucune valeur?

Mais de quel droit, un Lieutenant qui ne connait aucunement la vie antérieur d'un soldat de son Ost peut dire de les ranger? De quel droit m'ont-ils demander d'oublier les horreurs que j'ai vécu? Voilà le pourquoi de ma saute d'humeur sur les médailles.

Maintenant, ma rébellion face au discours d'un Capitaine absent, il était justifié et non insubordonné. L'insubordination est le refus d'optempérer à un ordre pas de donner son opinion.

Le Capitaine, dont je ne connais ni nom ni visage, n'est plus Capitaine, il y en a un nouveau depuis sept jours, Capitaine qui n'a pas encore osé se montrer ici. Je n'ai pas été irrespectueuse envers un Capitaine qui ne l'est plus mais peut-être envers un Capitaine devenu, il y a sept jours, un simple citoyen.

Pour ce qui est des airs hautains, des yeux ronds et autres accès de montée de grade de vos comparses, il serait bienvenue que ceux-ci redescendent de leurs grands chevaux et réalisent qu'il y a une soldate dans leur Ost qui a beaucoup plus de vécu qu'eux et qu'ils s'en servent pour améliorer ce qui est en train de tomber.

Elle prit une longue respiration

Ceci dit, maitenant si vous voulez donner exemple, soit, si vous voulez me voir quitter cet Ost , soit. Par contre, là, il vous faudra m'accompagner jusqu'aux portes de cette enceinte.

Si malgré le fait que vous savez fort bien que je n'ai rien à me reprocher, que je n'ai dit tout haut ce que tous pensent tout bas, si vous voulez absolument garder la tête haute devant les autres Lieutenants, donnez moi en exemple et envoyez moi au fer, donnez moi des mois de corvée, mais ne me demandez jamais de taire ma vie, mes opinions et la cause que je sert, la défense du peuple.

Elle ne baissa point les yeux, ressentant pour la première fois depuis des mois, la vie reprendre en elle, l'Ex Sénéchal, elle qui était adoré de ses hommes, elle qui avait su tenir tête à sa Comtesse pour leur sauver la vie, se souvenant de Vendômes, elle qui avait été mis à procès pour haute trahison pour cet vrai insubordination, attendait le verdict calmement.

Bizarrement, machinalement, sa main droite alla se poser sur la longue cicatrice qui ornait sa poitrine, cicatrice que personne ne pouvait voir, elle, la cachant si bien, cicatrice de son lourd passé, de son obéissance aux ordres, de sa vie de guerrière.

Petit mot pour une petite décision. Un pigeon porta la missive à chaque lieutenant.

Citation :: Lieutenant,
J'aimerais qu'on mette au propre, une fois pour toute, la question des archives et en particulier des dossiers militaires
Aussi, je vous demande, à vous, et votre aspirant, si vous an avez un, de le faire
Le travail a déjà été fait pour Saint-Claude, pour ce qui concerne les dossiers des militaires en fonction, prenez modèle pour la forme et les couleurs
Ce travail est à faire pour tous les militaires, qu'ils soient actuellement en fonction, et également pour les dossiers archivés
Des archives claires sont l'assurance d'informations précises

Merci à vous,
Pour de l'aide, adressez vous soit à moi, soit à l'ADC Krane, soit au lieutenant Jérone

Respectueusement,
Capitaine Grégor

Communicatif Nombre de messages : 369 Date d'inscription : 31/01/2008

Un mot. elle...elle...un mot, elle glissa sous la porte..qu'un mot mais qui signifiait beaucoup pour elle...

Citation :: Merciiii...merciii

Après maintes péripéties, car c'était bien le seul mot qui pouvait le mieux résumer les dernières semaines de la vie de l'officier polinois, Silver poussa de nouveau la porte de son bureau.
La première réaction qu'il eut, ce fut un sourire amusé en lisant le bref message de son aspirant. Mitaine n'avait pas besoin de le remercier, elle valait largement cette nomination. Cela paraissait purement logique aux yeux de Silver! Comme promouvoir Minestra au grade de caporal... Cette dernière avait également un potentiel qui ne demandait qu'à s'exprimer et Silver espérait que cette promotion lui donnerait une motivation supplémentaire.

Mais l'heure était au bilan... Et un gros chantier se présentait de lui même. Pas le rangement du bureau, qui en avait malgré tout bien besoin, mais plutôt ce qui pouvait concerner le recrutement de nouveaux soldats!

Pfffff... Ca ne va pas être une partie de plaisir! soupira-t-il.

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