[Clos-coupable] Fraude Fiscale : Sofialaurine [16/07/1461]

Voyant dame Freydianne arriver à la barre, Sofia sourit, lui adressa un salut ravi avec un sourire enthousiaste qui n'avait rien à voir avec le lieu rébarbatif et malsain de l'instant, mais rappelait de bons souvenirs en toute convivialité.
Pourquoi l'avait-on fait venir, elle...? Sans doute parce qu'elle représentait la mairie, bien évidemment. Sofia n'avait vraiment pas envie de gâcher le contact d'estime qu'elle avait avec la famille Van Ansel, qui lui semblait même la plus juste et droite dans les actes et les pensées, depuis qu'elle avait eu l'opportunité d'apprendre à les connaître de loin, depuis bien des années. Frère ou soeur, c'était un peu le même esprit pour chacun.
Pourtant, la revendication de Sofia aujourd'hui accusée de façon très injuste, allait dans le sens de ce trop plein de lois et d'inepties qui conduisent les villageois au découragement. Trop de taxes tuent la vie même des villages. Les paysans en ont marre et beaucoup préfèrent alors se laisser mourir. c'était un fait avéré. Les nobles pullulent et vivent au dépend des pauvres qui crèvent. C'est une autre histoire de corbeau, mais pas du tout la même. Alors Sofia répéta un peu ce qu'elle avait déjà expliqué dans l'autre salle d'audience, pour les mêmes raisons on ne sait pourquoi divisées en deux affaires distinctes...peut-être pour jouer aux dés en tentant l'ubiquité...bah, elle s'amusait ainsi à sauter d'une salle à l'autre, comme dans un jeu de marelle où l'on saute de case en case. Le paradis serait-il l'étape ultime ?...la jeune fille stoppa ses pensées vagabondes teintées d'un humour ironique fantaisiste...ce serait certes mal perçu en cette ambiance obscure de raisonneurs matérialistes, sans doute persuadés qu'ils détiennent sur tout être, le pouvoir absolu de les traiter en bête de somme ou en citron qu'on presse, à l'infini, sans s'imaginer une seconde que les êtres à leur image ainsi asservis et poussés à l'extrême retranchement, finiront par
laisser exploser leur révolte légitime contre ces maitres exploiteurs de bétail, un jour...tôt ou tard...
La jeune fille donc, répéta en s'adressant à tous, ce qu'elle avait expliqué à la première audience :
Dames, sires, voici mes arguments de défense :
j'ai investi 100 écus pour ouvrir ma taverne. Puis j'ai vendu la cervoise en-dessous de son prix d'achat et ai fait de même avec la nourriture. Je n'ai rien gagné du tout. J'ai perdu beaucoup dans cette expérience.
Pour les potagers, comme je vous l'ai dit, c'était pour ma consommation personnelle.
Ensuite, lorsque j'ai fait partie du conseil de la ville, j'ai transformé un potager en élevage de vaches pour les besoins de la ville. J'avais acheté trois vaches, pensant que cela serait vite amorti. Cela m'a coûté le prix des trois vaches ainsi que tous les soins nécessaires en engageant d'autres villageois au salaire conseillé. Mes vaches restaient mourantes et le sont restées pendant bien deux semaines. Je n'ai récolté que peu de lait et lorsque j'ai décidé d'en finir, je n'ai même pas récolté une seule carcasse. Cette affaire, que j'avais entreprise pour faire plaisir à mes amis conseillers de la ville, fut un échec complet et m'a entièrement ruinée. C'est pour cette raison que j'ai re-transformé mon champ en potager.
Je n'ai à ce jour pas pu récupérer en travaillant dur tout cet argent perdu.
Malgré toute la bonne volonté du monde, je serai incapable de verser les sommes que vous me demandez. Je ne les ai pas, tout simplement.

Sofia avait parlé et beaucoup trop pensé...
Elle s'en retourna s'asseoir en silence, pour attendre la suite...