Curés en franche comté

Les aléas de la vie, ma chère... Les aléas de la vie...

Ah ça... C'est un mystère que seuls les anciens sanclaudiens peuvent connaître.

Je confirme l'information, Monseigneur Yut va venir à Saint Claude mettre en place notre nouveau Curé Antiflag qui a fini son parcours pour nous prêcher la bonne parole...

Adso le retour ?

Jette un coup d'oeil accrocheur à son vieil ami Adso...

Vous souvenez-vous, mon père, de cette petite virée en bateau vers la lointaine Germanie ?? Nous étions des explorateurs...de mémoire, vous aviez tendance à avoir vaguement la frousse de l'ombre de votre mule...

soupir profond

Mais comme vous m'avez amusée !!!....Si vous revenez un jour dans le coin, je redeviendrai peut-être aristotélicienne...Vous savez que l'église m'a excommuniée sans m'en avoir jamais donné la raison ?...je ne sais pas pourquoi je vous raconte ça. je voulais simplement dire qu'à Pontarlier, avant le curé Gruldorf, il y avait eu le père Tarquin. un grand homme...Et Elorach avait endossé aussi la robe de bure, après lui...Ses sermons étaient de véritables anthologies. J'avais envie de les apporter au scriptorium, pour l'édification des comtois, mais j'ai la flemme...Venez donc prendre une coupe d'hypocras dans ma masure !

Alors qu'il allait répondre à Lothilde que non, il n'avait pas peur de l'ombre de sa mule, c'était juste qu'il avait été surpris dans son sommeil par une grosse bête, peut-être un sanglier, et en pleine nuit; alors donc qu'il allait défendre son honneur qu'elle avait jeté ainsi en pâture à l'assemblée, il entendit Lothilde annoncer, comme si de rien n'était, qu'elle avait été excommuniée.

QUOI ? qu'est ce que tu as encore fait ? On n'excommunie pas sans raison ! Tu as dû dire quelque chose de contraire au dogme, ou alors tu as frappé un prélat de ton épée, avec ta manie de toujours t'exprimer avec une lame !? Dans quelle histoire es-tu donc encore allée te faire embringuer, nom de non ?!

En revanche, il était quelque peu intéressé par l'invitation. L'hypocras ne gâchait certes rien, mais la perspective de pouvoir consulter des sermons "d’anthologie", comme elle disait, était tentante. Parce que les sermons, ce n'était pas trop son truc, à Adso. Pour lui, il suffisait de dire des choses comme "l'Etre Divin est tout-puissant" ou "l'essence des choses est dans les choses-mêmes, et leur donne forme", et puis pasta, comme disait les italiens. Quel besoin avait-on de s'étendre en un long laïus ? Il fallait prendre les idées telles qu'elles étaient, sans se poser de question. Et si un fidèle commençait à en poser, des questions, un bon coup de crosse lui remettait les idées en place. Parce que se poser des questions, c'était le premier pas vers l'hérésie. Mais bon, soi-disant qu'on vivait une époque moderne, et qu'il fallait séduire les fidèles avec des mots bien tournés... alors autant essayer de trouver de bons exemples de beaux parleurs.

Entendant Uriel parler, il ajouta à l'adresse de Lothilde :
Ah, tu vois, son Eminence va te remettre les idées en place. Ecoute le bien, c'est un homme de bien. Je l'ai connu qu'il n'était encore que diacre, et pour tout te dire, les honneurs ne lui on rien fait perdre de sa valeur, ce qui ne courre pas sous le sabot d'un cheval. Ah moins que ce ne soit "ne se trouve pas par les rues" ? qu'importe...

Il se tourna ensuite vers Jasona :
Je vous dirais bien de vous adresser directement à Mgr Yut, pour les archives, mais bon, ce bon à rien risque de ne même pas être capable de retrouver son lit dans sa chambre sans l'aide d'un valet...

Mais c'est qu'il lui aurait fait peur, cet Adso, à braire comme son âne ! Elle avait failli en choir de son banc en atterrissant d'une fesse sur l'arête de son siège tant elle avait sursauté. Elle remit en place ses attributs et rabattit sa jupe sur ses pieds, rassembla d'une main énergique une poignée de cheveux qui avait profité de la trépidation pour s'échapper du ruban, et les joues roses d'émoi, fronça les sourcils en fixant le bon Padre

Bon sang, père Adso ! Mais vous n'en ferez jamais d'autre !...Vous avez failli me faire perdre le peu qu'on m'a laissé de dignité, à crier comme ça !! Non, je n'ai rien fait, na !! On m'a jetée de l'église comme une malpropre...Ne cherchez pas à savoir pourquoi, moi je sais qui est derrière tout ça, et je vous estime trop pour que vous alliez dans cette fange putride qu'est parfois la grande Église aristotélicienne pour en savoir plus....Plus l'homme est petit, père Adso, plus les bassesses sont à sa portée. Fut-il un grand de ce monde ou un grand de l'église...Gardez-vous également, Éminence, de vous salir pour une vérité qu'on déguisera...

Elle inclina la tête avec déférence devant l'archevêque comtois

Je vous suis tout de même infiniment reconnaissante de ne pas me mépriser comme Rome l'a fait jadis...Il est rassurant de savoir qu'il existe de vrais serviteurs d'Aristote, et pas seulement ces... avides de pouvoirs, qui sont le meilleur ferment de l'hérésie...J'ai appris par obligation, Éminence, à me passer d'intermédiaire pour raconter mes petites histoires à Déos et ne m'en porte finalement pas plus mal. L'Eglise aristotélicienne m'a rejetée, mais elle n'a pas eu le pouvoir de me détourner du très-Haut. C'est là...toute sa faiblesse !

Revenant à son vieil ami et néanmoins très honorable prélat

Bon alors...Le bon curé Tarquin, vous vous en souvenez ? Ahhhh...quel bel homme, que celui-là....Nous avions aussi organisé une grande fête pour la naissance du petit Aristote...Une crèche vivante, à Sainte-Bénigne...Vous ne me croirez pas, mais devinez qui jouait le rôle de la mère de l'enfançon....Moi ! L'excommuniée !!

Elle ponctua sa tirade d'un sourire épanoui

Voulez-vous mes archives ecclésiastiques ou pas, Mes estimées Éminences ? Parce que c'est l'automne, et que pour moi, c'est la saison du grand débarras qui va commencer. J'allume mes premiers feux avec toutes les vieilles paperasses qui m'encombrent...Et je repartirai bientôt pour Genève !

Point de paradis solaire pour elle ? Et pis quoi, encore ! Si ses yeux avaient pu armer une arbalète, le bon père Adso serait transpercé sur l'heure, tant elle darda sur lui un regard noir de courroux. Point de paradis solaire...Mais qu'est-ce qu'il en savait, ce vilain Adso ? Une petite méchanceté faillit lui sortir de la bouche mais elle retint les mots acides qui lui venaient et qui n'auraient rien d'aristotélicien, eux. Elle regrettait que des hommes d'église, comme lui, se rabaissent au rang de la populace...que les petites gens de ce bas monde tenus soigneusement dans l'ignorance soient incapables de raisonner et braillent comme des moutons de Panurge sans la moindre parcelle de réflexion, soit ! Mais eux, ces prélats, qui n'avaient que ça à faire, réfléchir et prier, qu'ils se contentent d'aboyer comme la masse à qui on a jeté un os en pâture...quelle déception ! Il n'allait tout de même pas imiter ces oies pourprées de Rome qui se permettent de juger sur des ragots !
Elle ravala sa salive et fit une petite moue en observant la salle autour d'elle...Pas un endroit pour se livrer à des discussions sans fin sur ce qui la taraudait depuis longtemps.
Se taire eut certainement été la meilleure solution, mais il ne fallait tout de même pas lui en demander trop. La règle du silence, elle l'avait respectée scrupuleusement durant son long séjour au monastère. Elle en avait eu les dents toute agacées et avait souffert de violentes démangeaisons sur la langue. Un supplice !
d'une vois contenue mais vaguement doucereuse, elle répondit au padre Adso

Mon estimable ami...Avant le paradis solaire où je n'irai peut-être pas ni vous non plus, relisez donc la Règle de Saint-Benoît...Il dit des choses fort intéressantes, ce saint homme..Et si je n'en suis qu'au premier degré de l'échelle de l'humilité qui en comporte douze... je ne suis pas convaincue que tous vos pairs atteignent le sommet de cette fameuse échelle sans se casser la goule...

Sourire, toussotement, re-sourire

Faites-moi la grâce, mon cher Adso, de sortir de la masse inculte, et de ne pas juger à l'emporte-pièces...Faites moi la grâce aussi de ne pas tout mélanger, les Zélvètes, les Lions, les Réformés, les méchants, les gentils, les brigands...Laissez donc ce bouillon de culture à ceux qui ont besoin de la crédulité des foules incultes pour asseoir leur pouvoir...Vous ne faites pas partie de ceux à qui on jette un os à ronger pour avoir la paix...Non ?

Elle rajusta les manches de sa robe qui avaient pris des libertés. Décidément, elle était faite pour la cotte de maille mais pas pour les fanfreluches qui la gênaient aux entournures...

Nous aurons toute l'éternité au paradis solaire pour débattre, padre Adso...Si jamais vous y allez !

Fccasper a écrit:

En revanche, un remplaçant est annoncé en la personne de Antiflag. Cela dit, nous l'attendons depuis plusieurs mois. Et si enfin cela devait être lui, encore faut il que l'évêque se déplace à St Claude pour l'ordonnancement... Son éminence Ingeburge ne venait jamais, et nous ne voyons pas plus son éminence Yut... Et je pense que c'est là le principal problème : l'éloignement ! Depuis Lyon, la route est très longue pour arriver à Saint Claude et décourage malheureusement les personnes du diocèse...

Ne vous inquietez pas, nous allons y arriver ! La patience est une vertue, et l'usure du temps n'aura jamais raison de ma perseverance !

Citation :

Du haut du clocher Starkel reçut un pigeon, il semblerait que que l'homme d'église soit en chemin...

Antiflag bricolait dans l'église... Un chandelier cassé, des dalles sales, un missel poussiereux...
Il avait eut vent du passage de Monseigneur Yut dès le lendemain, si le Très-Haut le voulait bien.

Citation :

« Prier pour soi-même est un instinct de nature ; prier pour les autres est un instinct de grâce. »

Cette citation de Saint Jean-Chrysotôme était omniprésente dans la tête d'Antiflag. Cela allait de soit, puisque le jour d'arrivée de Monseigneur Yut tombait... le jour de la Saint Jean Chrysotôme !
Il prépara l'église, passa la matinée à la lustrer, la dépoussièrer, et faire en sorte qu'il sente bon à l'interieur.

Une fois sa beusogne accomplie, l'église, le missel et le confessionnal propres comme un sous neuf, il se précipita pour sonner les cloches. C'était sa façon à lui de montrer sa joie. Puis il entendu hurler, il avait oublier que Starkel envoyait des pigerons voyageurs à travers la Comté...

Oh, pardonné moi Monsieur le Maire, j'ai la tête ailleurs, et je vous avait completement oublié ! Venez voir comme l'église à changée ! Venez donc ! Vous m'avez entendu ?! Monsieur le Maire ?! Oh j'espère ne pas vous avoir abimé les oreilles en un si beau jour !

Starkel descendit comme après une nuit en taverne...

-Qué qui dit ? Ah, non tout va bien... gné...

Clarissia est en retranchement, Monseigneur Yut étant en ville on va lui demander une copie des archives de Lyon...

Je relance...

Avez vous pu trouver ce que vous cherchiez, Dame ?

Pas de ma part en tout cas, j'ai pas eu de retour...

Bah le grand tribun suivant logiquement

GNAGNAGNA

Ouai c'est ça ! Couuuuuuuuuuuurt ! Je ne suis pas si vieux que ça et je cours encore bien vite !

=> Plus rien à ajouter ? si non archivage sous 48H

Voyant la pièce désertée depuis plus de 10 jours, la rouquine referme la porte et tourne la clef en laissant un écriteau sur celle-ci.

Citation :

Verrouillage. Une copie des interventions soigneusement retranscrites pas les scribes du château sera déposée dans les archives de la cour publique sous 48 heures.