Acis au gnouf-Jugement en cours martial[GNOUF]

- Merci mon lieutenant, je crois que j'en aurais besoin pour mes entraînements.

Il se plongea aussitôt dans la lecture

Le lieutenant faillit déraper sur les marches humides qui menaient au cachot... Il faisait froid... il faisait humide...

Elle passa devant le gros Roger... la main sur la rapière... le dévisageant un peu.
Etonnemment le gros Roger ne poussa même pas un grognement...
Elle avança jusqu'à la cellule où était incarcéré le sergent...

Sergent Acis... vous y êtes ?

Elle hocha la tête dans la pénombre... vous allez bien..?

Elle glissa une couverture entre les barreaux...

Tenez... il ne fait pas très chaud...
Quand vous sortirez... vous me la rapporterez... sinon elle moisira dans cet endroit... c'est celle de mon bureau... alors ne l'y laissez pas pourrir dans ce cachot après votre départ...

Lothilde avait rapidement quitté l'auberge de Dole où elle avait passé la nuit, faute d'avoir osé infliger à son cheval une pénible chevauchée nocturne dans les chemins creux où la neige s'était accumulée depuis plusieurs jours. La ville sortait de sa torpeur et déjà le petit peuple s'activait autour des échoppes. Une bonne odeur de pain lui mit l'eau à la bouche et pour quelques écus, elle acheta une miche encore tiède qu'elle attaqua aussitôt avec gourmandise, en longeant avec nonchalance le quai de la rivière qui serpente paisiblement le long des murailles de la ville. Brusquement elle fit demi-tour et revint sur ses pas en cherchant au fond de ses poches quelques piécettes...il devait avoir faim, ce prisonnier...et le gros roger n'était pas homme à se laisser attendrir...
Elle choisit la plus belle miche de pain et l'enfourna hâtivement dans son pannier et prit la route de la caserne...Personne encore n'était à l'entraînement. Elle longea l'enceinte et descendit prudemment l'escalier verdi par la mousse, effleura d'un regard glacial l'immonde gardien affalé dès l'aube sur sa chaise bancale, entouré de tonnelets de bière vide, et essaya de percer l'obscurité à travers la grille de la porte du cachot en chuchotant

Acis !....Acis tu m'entends ?...C'est moi, Lothilde. Chut ! Tiens, attrappe...une miche de pain. Elle est encore toute chaude. As-tu besoin de quelque chose ? dis-le moi, je repasserai ce soir...Tu t'en tires à bon compte, trois jours, c'est vite passé. Je me souviens que le capitaine Bralic m'avait expédiée au gnouf pour avoir rendu visite à ma soeur Muscade contre ses ordres et j'ai passé la journée pendue par les mains aux grilles de la lucarne pour échapper aux rats qui grimpaient le long de mes braies...Quel souvenir ! Je te laisse, je reviendrai ce soir !

vite...remonter à l'air libre et ne plus sentir le regard visqueux de ce gros Roger collé dans son dos, toujours prêt à la pire turpitude..Elle escalada quatre à quatre les escaliers pour émerger enfin dans la cour de la caserne emplie à présent du cliquetis des armes qu'on fourbit et se dirigea vers le bureau du capitaine. Une pile de parchemins l'attendait sagement...

- Merci Lothide, je n'aurais besoin de rien. On prend bien soin de moi, regarde ma belle couverture.

- Merci mon capitaine. Ne vous en faites,vous n'êtes pas prêt de me revoir refaire cette faute.