[RP] Missives-vaches à l'intention des franc-comtes....

Au Franc-comte Jontas,


Annecy-la-sinistre...La ville qui a refermé les yeux après une courte échappée vers la liberté...Annecy où une mine est fermée, les terres en jachère, les place désertes, les ruelles crasseuses et grouillantes de toute la misère du monde...et des guerriers genevois blessés qui bénéficient d'une double peine et finissent en prison à l'issue de procès inéquitables, comme dans toutes les dictatures...Le miroir de ce qu'était la Franche-comté quand elle l'avait quittée...Il était reluisant, l'empire d'Alveran...Mais elle y coulait des jours paisibles, assurée de n'avoir pas à ramper aux pieds d'un monarque, et dans sa tête jamais longtemps au repos, les projets prenaient la forme d'une caraque déployant ses voiles au petit vent de l'aube...Une promenade jusqu'à la place de la mairie, dans la ville haute, là où, quand le temps est clément, on croise au moins deux pèlerins qui s'enhardissent à vous saluer, tournant tout de même la tête prudemment vers le poste de garde pour s'assurer de ne pas avoir été vus...Et toujours la même précaution, garder ses distances et ne pas effleurer ne serait-ce que de la manche du manteau celle d'un savoyard sous peine qu'il soit aussitôt désigné à l'inquisition...On ne plaisante pas avec les pestiférés de Genève.
La petite gazette est déjà affichée, ce matin, sur la porte municipale. Un vague sourire en coin salue ce qu'elle y lit. Bien fait...Demi-tour vers la taverne tenue par des helvètes, la seule où on puisse manger sans se ruiner et où chaque jour, un petit coursier vient récupérer les messages qu'il empile dans un gros sac de toile avant de faire partir sa mule au petit trot où le vent le mène...Bientôt, elle prendra place à ses côtés, avec son petit balluchon, et partira à l'aventure...Mais pour l'instant, il attend gentiment qu'elle termine la lettre destinée au probable futur franc-comte en vidant successivement deux chopes de bière, accoudé au comptoir...Le jour où elle partirait, il faudrait qu'elle pense à conduire l'équipage à sa place...Elle sourit mentalement à la petite histoire drôle qu'elle avait entendue raconter quelques jours auparavant...Si un jour elle rencontrait le traître Debenja, elle lui raconterait.. Reposant la plume sur la table, elle relut rapidement ce qu'elle venait d'écrire, et haussa les épaules, indifférente aux ratures et petits ronds d'encre qui s'étalaient parfois sur les mots...
Le messager s'essuya la bouche du revers de sa manche et tituba entre les tables de la taverne à son signe, bras tendu au bout duquel elle agite le petit rouleau entouré d'une ficelle de lin récupérée au fond de sa poche

Pour le Château de Dole...faites attention aux mauvaises rencontres, l'endroit n'est pas sûr, et comme tous les impériaux, ils doivent avoir des listes longues comme le bras...Genevois, couic ! hérétiques, couic ! Planquez votre poignard et sortez la cancoillotte, si vous voulez avoir une chance de passer le pont-levis...et au château, n'écrasez pas par mégarde le petit homme vociférant et passablement grossier qui est le maître des clefs...si vous voyez une grosse couronne au ras du sol, c'est lui...sinon, couic aussi ! on n'entre pas ! Et sortez aussi vite que possible...bon voyage !

plantée devant la porte, elle regarda partir la mule, l'homme et la charrette et compta sa fortune dans sa poche...une mule...pourquoi pas une mule, après tout..Elle regarderait de bas en haut ceux qui martyrisaient leurs destriers faute de savoir les monter..Elle quitta lentement la taverne et coupant la place, se hâta vers le verger en soupirant...

Citation :

Mon si peu cher Jontas !

Une si bonne nouvelle ne pouvait m'échapper : celle de la confirmation -re-confirmation, devrais-je dire!- de l'inexorable chûte de MACDO, entamée depuis longtemps déjà, et qui je l'espère marquera dans l'avenir la fin des despotes et la renaissance d'une Franche-Comté digne....

Hélas, si j'en juge par les élus qui siégeront à tes côtés, ce jour béni n'est pas pour demain. Et la victoire d'AP sur les scélérats a un goût amer.

Le Salins, qu'aucune justice n'a jamais poursuivi pour ses crimes, un ancien prévôt qui manipule une enquête pour le blanchir et maîtrise l'art des jongleurs de foire pour faire disparaître les dossiers compromettants, la Salins qui complote en secret avec celui qui vient de piller le trésor comtois, l'ancien capitaine d'armée déserteur, oubliée par la cour martiale qui ne ferait pas d'aussi beau cadeau au simple petit soldat, le comte-faussaire qui se distingue par son aptitude à enluminer de vrai-faux messages faisant abattre, loin de leurs terres natales, des comtois qu'il a envoyé au combat...Une bonne moitié de politiciens au passé sulfureux et au présent indigne, courtisans affamés de breloques, calomniateurs et veules...

Avec de tels laquais, au service d'eux-mêmes et de leur gloriole, nul doute que tu auras fort à faire au parlement, mais je te fais confiance, je te connais, Jontas ! Je ne doutais pas un instant de ta capacité à grimper sur les épaules du pire pour lui prendre la vedette, mais t'en félicite tout de même. Politicien roublard et cauteleux tu es, mais à l'inverse de ceux que tu as écrasés, tu n'attends pas que ta victime ait tourné le dos pour faire des coups bas et t'en défendre ensuite, la main sur le coeur, en brâmant à l'injustice sans aucun amour-propre...ni aucun argument ! Non, J'ai quelques bons souvenirs d'algarades sur la place publique où seule la trouille de me prendre un pavé de la ruelle sur le coin du nez m'empêchait de t'envoyer un soufflet..qui vaut mille fois plus que le mépris qu'on réserve aux indigents de l'esprit...

Je souhaite que tu saches relever le nez et résister à la dictature de Victor, roitelet de la Lotte à Rungis qui agite dans sa menotte des hochets au nez de ceux qui lui lèchent le fondement pour les obtenir...et déverse dans l'oreille indolente d'un empereur invisible tous ses désirs les plus vils que celui-ci lui concède...Souviens-toi le sort que réserve le peuple aux dictateurs. Tu es capable de lui tenir tête là où tes conseillers ne le feront jamais, trop inquiets de devoir redonner leurs bricoles dorées. L'inconsistant franc-comte que tu vas remplacer a vendu l'honneur comtois qui n'avait déjà pas besoin de ça pour être en berne et une fois de plus, s'est fait manipuler par l'église aristotélicienne venue se poser comme un coucou dans un nid préparé par le royaume voisin. Combien de temps reste t-il encore à notre région avant qu'elle ne tombe comme un fruit blet dans les mains des français, maintenant qu'ils savent qu'ils peuvent sans risque violer le sol comtois avec la bénédicition des Sparte qui traitent en sous-main depuis longtemps avec la Savoie dont tout le monde a pu voir la fourberie lors de l'attaque provençale qu'elle a encouragée.

Bon mandat, mon cher Jontas ! Il sera sans doute très animé, et je ne doute pas un instant que les murs de ce château de Dole que vous aimez tant et qui n'est qu'un repaire abominable pour la vermine et les dérangés de l'esprit bruisseront encore de murmures et de bassesses où quelques uns, à l'abri des oreilles indiscrètes, scelleront le sort de ceux qui les dérangent, à leur insu, toujours, tant la loyauté est un mot désormais obsolète.

Mais tout a une fin, les châteaux s'écroulent et noientles ambitions. Sur les ruines, parfois, au printemps, quelques petites fleurs fragiles s'installent dans une poignée de terre apportée par les vents. J'espère que ce seront des jeunes comtois,nouvelles pousses pas encore rongées par l'ambition, qui feront renaître l'esprit de cette région que des mois et des mois de perfidies et de mauvais conseillers ont détruit.

Qu'Aristote t'aide dans ta mission

Lothilde Adams de Melincour
Annecy, 7 février


Pour toi seul, afin que tu t'en imprègnes, voici quelques lignes d'un troubadour éclairé

Les grenouilles, se lassant
De l'état démocratique
Par leurs clameurs firent tant
Que Jupiter les soumit au pouvoir monarchique...

il a repris je crois cette petite fable d'Esope :
Les grenouilles, fâchées de l’anarchie où elles vivaient, envoyèrent des députés à Zeus, pour le prier de leur donner un roi. Zeus, voyant leur simplicité, lança un morceau de bois dans le marais. Tout d’abord les grenouilles effrayées par le bruit se plongèrent dans les profondeurs du marais ; puis, comme le bois ne bougeait pas, elles remontèrent et en vinrent à un tel mépris pour le roi qu’elles sautaient sur son dos et s’y accroupissaient. Mortifiées d’avoir un tel roi, elles se tendirent une seconde fois près de Zeus, et lui demandèrent de leur changer le monarque ; car le premier était trop nonchalant. Zeus impatienté leur envoya une hydre qui les prit et les dévora....

Vive Long Jean d'Argent, le regretté morceau de bois.... !

La dernière édition de la petite gazette genevoise lui avait arraché des sourires. Assez en tous cas pour faire partager sa bonne humeur à son lointain ennemi qui conduisait maintenant les moutons-parlementaires de Dole.
La pointe de la langue serrée entre ses dents, elle griffonna hâtivement un petit commentaire au-dessus de la feuille qu'elle roula et fit partir aussitôt par le préposé aux messages

Citation :

Mon Estimé Jontas, et néanmoins franc-comte,
Je ne sais si tes cerbères t'informent des petites nouvelles qui circulent un peu partout, de Genève à la Savoie, et je prends la liberté de t'envoyer le dernier numéro de "La marmotte enchainée" en espérant qu'il t'amusera autant qu'il m'a amusée.
Par ailleurs, j'aurai plaisir, lors d'un passage rapide dans ta province, à te raconter tout ce que la noblesse savoyarde aboie sans vergogne sur les places publiques. Je m'y promène souvent et postée à distance prudente des emplumés que je reconnais fort bien pour les avoir vus pérorer jadis à Dole ou dans quelques institutions impériales, je note quelques unes de leurs réparties...Par exemple, j'ai entendu cette phrase là "Encore une fois, les pleurnichards de Franche-Comté ont tout fait capoter " et un peu plus tard, s'adressant à je ne sais quel duc, ce même savoyard beuglant a dit : ". Les efforts qui ont été faits, les vies qui ont été perdues, ça a servi à quoi ? A rien. Et ce à cause de vous, qui faites passer les Genevois et les Savoyards après les Comtoises, qui elles n'ont cessé de protéger les brigands hérétiques, et qui ont prêtes à céder à tous les chantages du monde, à pactiser avec tous les brigands de la terre, pourvu qu'elles puissent continuer leurs sales intrigues sans être dérangées"...

Mais ce sont des frères impériaux qu'il vous fallait toutes affaires cessantes aller protéger et défendre, au nom de l'union sacrée...Sans même savoir la raison qui avait conduit Genève à aller combattre ce frère impérial tellement épris de justice et d'humanité qu'il n'hésitait pas à faire tuer les marchands ambulants genevois qu'il avait lui-même appelés...
Au moins on pourra constater que les provinces soeurs impériales partagent la même façon de rendre l'injustice : la Savoie n'a rien à envier à la Franche-comté.

Avec mes plus sincères amitiés
L



La marmotte enchaînée Genève le 22 février de l'an de grâce 1459

Petites nouvelles du monde, ici et là, autour de chez nous, pour les genevois.


Espoir de paix : Genève et ses voisins.
Les représentants de la Lotharingie ont officiellement proposé au gouvernement du canton de Genève une trève :
http://mairiegenevoise.forumactif.info/t2196p60-rp-ambassade-de-savoie

L'espoir de paix renait donc en ce sens avec nos voisins, ne reste que Rome et ses croisés, qui tiennent toujours la ville de Genève...
L'avoyère Tatoumi et le consistoire des bourgeois réfléchissent actuellement à la suite à donner à cette proposition de trève.
Saluons les combattants qui ont su maintenir la pression en tentant une révolte dernièrement à Chambéry et qui ont su prendre la ville de St Claude (l'Eldorado) en représailles à la participation de la Franche Comté à cette guerre.
Saluons également le travail du Chancelier genevois Izaac, qui comme nous l'avions précédemment retransmit, a oeuvré pour la paix en continuant de négocier avec le Duc de Savoie.

Valzan, scandale sur le port
Alors que tout porte à croire que le Vicomte Valzan et ses buses seront bientôt rappelés en Savoie, il a été révélé que le Vicomte aurait abusé de son pouvoir et notamment à la gestion du port de Genève qui lui avait été confié.
De nombreux genevois ont pu remarquer que le Vicomte utilisait les ressources du port pour proposer des emplois gracement payés à ses alliés, dénigrant ouvertement les ouvriers genevois.
Pire, il se serait fait construire 2 bateaux, le Saint Christophe et l'Hispaniola, aux frais et sur le compte des genevois. Le Vicomte aurait nié les faits, mais refuse toujours de redonner les commandes du port à celui qui l'a toujours dirigé avec efficacité, le célèbre Schmurtz.
Les travaux pour améliorer le port sont donc toujours suspendu jusqu'à nouvel ordre, ou un nouveau chef de port.

Berne baisse ses braies.
Selon des sources sûrs, le conseil de Berne aurait refusé dernièrement un agrément pour l'armée cantonale genevoise, l'Edelweiss, sous les ordres de Caméliane, ancien capitaine de la confédération.
La confédération, déjà affaiblie par la perte de plusieurs cantons désertés, est au plus mal dans ses finances selon les rumeurs.
Le conseil aurait refusé de reprendre la mine d'or au nord de Genève, ayant peur des réactions des saintes armées et d'entraîner toute la confédération dans la guerre.
Selon certaines rumeurs également, certains conseillers préfère laisser genève à son sort, estimant que ce n'est qu'une juste punition.
Entre hésitations, traitrise et couardise, les p'tits suisses restent neutres, ou plutôt pleutres...

Le brouhaha des élections.
Bientôt les élections pour la ville de Genève, une notion absurde lorsque l'on sait que la ville est aux mains des croisés...
Son éminence MrGroar ne s'exprime plus sur le sujet depuis sa dernière déclaration et le candidat de l'Eglise Aristotélicienne Bardieux passe son temps à parler de bûcher et d'appeler aux meurtres des hérétiques.
Notons au passage que les hérétiques en questions sont justement les électeurs...
Les bourgeois du consistoire passent quant à eux leur temps à se chiffoner sur qui doit se présenter aux élections, l'un d'entre eux n'a par ailleurs pas attendu pour poser sa candidature, le Lieutenant Colonel Powerjeff, connu pour son manque de participation aux débats de l'avoyerie.
L'avoyère légitime Tatoumi, elle, continue d'oeuvrer discrètement pour la ville et se représente à nouveau.

On ne sait pas qui sera élu, mais on peut déjà affirmer que la suite sera houleuse et pleines de rebondissements... genevois, aux urnes et aux armes !

Les "romains" continuent d'arriver sur Genève

La marmotte enchaînée, 3ème édition. Journal clandestin genevois.
Nos éditeurs et nos sources ne peuvent être cités, afin de garantir leur sécurité.

La croix du Lion...Elle en était tombée à la renverse et avait failli choir la tête la première par dessus les murailles, dans les bras des prélats qui n'en n'auraient sans doute pas espéré tant...Mais une main secourable l'avait repêchée au bord du précipice...Malheureusement pour celle qui était sa proie du jour. Elle se l'était bien juré, de mettre un jour sur la voie publique tout son ressentiment...
Une feuille jaunie qui traînait dans sa poche depuis des lustres, et un morceau de charbon ferait l'affaire..Une telle nouvelle...Un corbeau, cette fois, gros, gras, à l'oeil retors....C'est lui qui serait son messager auprès de la dame Dina...

Citation :

Ma dame,
J'ai appris que vous aviez reçu la plus haute distinction militaire...Votre capitaine galvaude cette reconnaissance, qui n'est attribuée que pour faits de guerres.
C'est dans la droite lignée de vos conseillers et de la famille qui vous soutient avec tellement de vigueur.
Parfois, il est bon et normal que les mauvais soient dans la peine : à les épargner, on n'a rien à gagner.

Vous ne méritez pas cette médaille là...vous n'avez jamais risqué votre peau

Je tenais à vous le dire. Non pas...parce que nous n'étions pas nombreux à l'avoir reçue, mais parce que ceux qui l'ont reçue ont tous fait de nombreux combats.
Vous n'avez jamais fait que tourner les talons...

Cette croix du Lion n'a plus aucune valeur, aujourd'hui. Demain, elle sera remise aussi à celui qui monte la garde....Quelle décadence...

Je ne vous salue pas : je vous serai redevable, je pense, de nouvelles blessures qui se profilent grâce à la façon magistrale dont vous avez permis aux curés de traverser les terres comtoises pour venir lancer leur cocorico à Genève...Harcèlement, quand tu nous tiens !

Lothilde Adams de Melincour
Vicomtesse de Dampierre destituée par le roi de la Lotte à Rungis et sa clique de malfaisants

Fallait tout de même pas pousser....

Ainsi donc, le traitre petit marquis de sparte avait réussi à se hisser plus près des divins petons de l'empereur..Une moue de dédain, suivie d'un sourire ironique...Quelles épaules avait-il écrasées pour arriver à grimper et arracher la petite couronne tant convoitée, cet intrigant personnage, ce fourbe...
Relisant la déclaration du roitelet Victor, elle leva les yeux au ciel...mais voyons, comment pourrait-on imaginer un seul instant qu'il ait pu y avoir le moindre soupçon de corruption ? Voyons ! Mais jamais de la vie !! Quel malotru pourrait bien imaginer une telle vilénie d'un petit couple aussi charmant et inoffensif ? ...Et la franc-comtesse avait voté pour ce paltoquet...Déception..Pour une fois, elle aurait bien aimé envoyer une missive-agneau à la place d'une missive-vache...Elle froissa rageusement le vélin couvert d'éloges qu'elle s'apprêtait à expédier et visa le centre de la cheminée, sourcils froncés. Et attaqua une page blanche

Citation :

De Genève l'hérétique à la franc-comtesse Blanca Corvinus

ma dame,

Votre victoire aux élections comtales m'a fait un immense plaisir : je m'apprêtais à vous envoyer toutes mes félicitations et vous faire savoir que j'avais, de l'autre côté de cette douce montagne du Jura, fait part à quelques hérétiques -mais néanmoins notables bourgeois de Genève non dénués d'intérêt- de l'avènement au pouvoir d'une franc-comtesse intelligente et énergique.
Je maintiens mes félicitations...mais ne peux que déplorer votre vote en faveur du traitre Bobyzz de sparte au rang de prince d'empire...J'ose espérer que contrairement à nombre de nobles comtois, qui l'ont protégé pour bénéficier de ses faveurs à venir ou simplement, par lâcheté, pour préserver leurs titres et leurs fiefs, vous ne l'avez fait que par ignorance du passé de ce triste sire et de son épouse.

Ne croyez pas que la vengeance me guide dans mes propos. Je pense, comme sans doute de nombreux comtois silencieux, que la place du sire de Sparte eût été derrière les barreaux d'une geôle, en compagnie de sa chère épouse, pour y purger les crimes dont ils se sont rendus coupables, fuyant la justice par des moyens illicites et des complices dont certains font aujourd'hui encore partie de votre conseil.

Je fus par eux accusée de haute-trahison mais voyez-vous, jamais ma voix n'a porté assez haut pour qu'un juge me condamne, ni même qu'un certain prévôt entende ma plainte...La loi du silence a fait son œuvre, faisant office de justice. Je ne peux m'empêcher de sourire amèrement en apprenant la teneur des débats de votre parlement et de cette justice que vous souhaitez réformer. Votre enthousiasme est louable, sachez cependant que la justice est plus juste pour certains que pour d'autres et que les parlementaires bénéficieront toujours, hélas, de cette impunité qui a permis à des Dina_Galli ou des jerome du Val d'Haine de briguer des mandats quand ils auraient du répondre de certains de leurs actes devant une cour impartiale, comme le stipule votre constitution...
Il est vrai qu'une loi qui ne plait pas peut toujours se tortiller pour plaire...

Bobyzz de Sparte ne fut jamais traduit devant la justice et pourtant, il a fait attaquer une armée battant pavillon comtois par les maréchaux et les miliciens de Pontarlier. D'autres maires ont été, pour un tel acte, accusés de haute-trahison.
Bobyzz de Sparte n'a jamais rejoint l'armée comtoise lorsque Debenja, alors franc-comte, avait levé le BAN pour tenir en respect des armées de faux-croisés qui avaient violé nos terres alors qu'elles avaient l'interdiction formelle de le faire.
Erine de Sparte, pourtant accrochée à l'hérauderie comme une moule à son rocher, et dont elle devrait connaître toutes les lois, n'a jamais respecté la réciprocité de son serment de suzeraine vis à vis des nobles comtois partis en guerre sous les ordres de son prédécesseur. Elle s'est même réjouie de mes blessures publiquement, regrettant que la mort m'ait épargnée....c'est sans doute ce soutien que les vassaux attendent de leurs suzerains ?

La liste serait longue des forfaits de ce couple diabolique. Il est vrai que ceux qui furent témoins de leurs forfaitures se sont empressés de se taire, soulagés d'échapper à leurs griffes qui avaient trouvé une proie toute indiquée en ma personne. Je n'ai trouvé, moi, que l'exil comme solution à leur hargne et encore me l'ont ils fait payer...
En Franche-Comté, on ne punit pas les déserteurs, on ne punit que ceux qu'on fait partir, une fois qu'ils ont le dos tourné. Il est vrai, je le concède, que mon départ les a privés de leur raison de vivre : la haine.

Quel est donc l'intérêt, pour la politique comtoise, d'hériter d'un prince qui pas plus que le roi qui l'a choisi, n'a été capable d'empêcher le naufrage dans lequel la province s'est enlisée ? Chef de file du parti opposé au vôtre, les comtois l'ont sévèrement sanctionné à travers leurs votes et pourtant, vous n'avez pas entendu leur refus ? Cela m'étonne de vous.

Je souhaite néanmoins que vous ne vous laisserez pas faire. Je me souviens vous avoir encouragée à entrer en campagne...et vous avoir en même temps mise en garde contre la politique, qui comporte toujours un bon nombre de poignées de mains très poisseuses à serrer...N'y restez pas collée, vous y gagneriez sans doute des courbettes par devant, tant qu'on aura besoin de vous, mais beaucoup, beaucoup d'ennuis par la suite. Mais surtout, vous perdriez l'estime de vous à faire ce que vous ne pensez pas juste de faire...

Vous voulez réformer la justice ? Faites-le : obtenez qu'elle soit indépendante du pouvoir. Que les grands -ou ceux qui croient l'être !- respectent ce qu'ils exigent des plus humbles.

Bonne chance, et ne vous inclinez pas trop bas devant ces nobliaux qui se sont hissés en écrasant tout le monde au passage. Ils sont comme vous et moi, il leur arrive de perdre de leur superbe : aux latrines !

Lothilde Adams de melincour
Vicomtesse de Dampierre -déchue, mais provocatrice jusqu'au bout !-