Bénédiction des Armes

Acis revenait de son bureau pour classer les derniers dossiers. Il voulait laisser la place propre pour son éventuel successeur, cela ne se faisait pas de laisser ouvert une multitude de dossier, alors quitte à en traiter moins, autant tous bien les traiter. Il arriva à la Chapelle. Depuis que l'Aumônier était là, l'idée de bénir ses armes ne lui était pas sorti de la tête, il voulait le faire absolument. Tuer n'était pas son fort, il n'aimait pas cela, mais lorsqu'il l'avait fait, c'était pour sauver des vies comtoises, des gens qu'il connaissait bien même ... Alors c'était moins dur que cela n'y paraissait. Mais il se sentait coupable des vies prives, il voulait l'absolution de ses armes, les placer sous l'autorité du Grand Aristote.

Il poussa la porte de la Chapelle et vit que Jerone était déjà là, à parler avec le Frère Peccatore. Il s'avança tout de même vers les deux hommes pour les saluer.

- Bonjour Jerone, bonjour mon Frère. Je tenais juste à vous dire , mon Frère, que j'aimerais que vous bénissiez mes armes, mais après celles de Jerone, naturellement. Je vais aller prier en attendant ...

Cela n'arrêtait pas... comme quoi la religiosité était peut-être moins absente parmi les franc-comtois que Peccatore ne l'avait cru.

Bonjour Capitaine, fit-il en souriant à l'adresse de l'officier. Cela ne devrait pas durer longtemps, ne vous éloignez pas trop !

Effectivement, la bénédiction d'armes comptait sans doute parmi les cérémonies les plus expéditives de l'Aristotélisme. Et la taille de l'arsenal de Jerone n'y fit rien.

Lorsque ce fut achevé, portant toujours en main son écuelle d'eau bénite, Peccatore alla retrouver Acis.

Voilà ! A nous deux !

Léger malaise.

Euh, enfin je veux dire, c'est au tour de vos armes d'être bénies.

Voulez-vous me les présenter ?

Le clerc venait de lui dire de patienter, cela était tout à fait normal, il ne pouvait se permettre de prendre la place de quelqu'un d'autres, pas parce qu'il était Capitaine et devait montrer l'exemple, mais surtout car il se trouvait dans la maison d'Aristote. Nous devrions tous nous montrer humble dans la maison du Très-Haut.

Alors qu'il vit Jerone déballer tout son attirail, se demandant où ce dernier pouvait tout ranger, il partir rêveur dans la chapelle, regardant ci-et-là les vitraux, les statuettes. Mais la contemplations ne lui parut durer qu'une minute, que déjà le clerc était de retour.

Il allait pourvoir faire bénir ses armes, pour la première fois de sa vie.

- Bien Peccatore, je vous remercie.

Alors qu'il parlait, il sortit son épée de son fourreau, il fut fier de la montrer. Da première épée, il l'avait toujours, depuis son premier jour à l'Armée, et sa visite chez le forgeron de l'Armée de l'époque, Finaljo. Ah que de souvenir. Puis, il se baissa de nouveau, pour en sortir une dague relativement longue de ses bottes d'officier. A terre, dans l'incapacité de se défendre avec son épée, la dague s'est toujours avérée être sa meilleure amie. Il la sortit également. Puis, honteux presque devant le clerc, de dévoiler autant de cachette d'arme possible, il mit ses mains dans son dos, au niveau de sa ceinture, pour en tirer une bonne vingtaine de petits couteaux de lancer. Ah ces derniers étaient vraiment très efficaces, mais demandaient beaucoup d'entraînement. Voila à quoi Acis occupaient ses journées lorsqu'il avait du temps de libre. Mais, il lui restait une arme à sortir encore, son fauchon. Il le cachait également dans son dos, la lame orientée vers sa hanche gauche, la manche à son épaule droite. Il avait, sous sa cotte de maille, dissimulé un fourreau la protégeant. Ainsi, indétectable, elle lui servait qu'en cas d'extrême nécessité, il ne l'avait sortie que deux ou trois fois.

Honteux de montrer tout son attirail de spadassin, il les tendit au moine qui à chaque fois qu'il lui présentait une nouvelle arme, ses yeux grandirent de plus en plus. Heureusement que c'était la fin.

- Voila mon frère. J'espère que cela suffira ...

[HRP : désolé pour le retard, j'ai été très pris IRL ces derniers temps]

Décidément, ces soldats avaient un attirail impressionnant !

Euh.... oui.... cela suffira...

Sans se décourager, l'aumônier commença méthodiquement l'aspersion de toutes les lames du Capitaine, puis, lorsque l'eau bénite eut été répandue partout, déclara solennellement :

Saints Archanges, qui chantez sans cesse les louanges du Créateur de toute chose, qui ne respirez que la gloire du Très Haut, et qui resplendissez du feu de son amour, qui présentez au Père les misères et les vœux de Ses Enfants, qui volez à notre secours, bénissez ces armes.

Saints Archanges, qui nous soutenez dans tous nos justes combats, qui nous protégez de nous même comme vous avez protégé les justes à Oanylone, qui portez nos âmes devant notre Juge et Créateur, bénissez ces armes.

Que les Saints Archanges et les saints Apôtres Titus et Kyrène, dont la puissance et l'autorité a notre confiance, intercèdent personnellement pour nous auprès du Très Haut !

Saint Michel, Archange de la justice, défendez-nous dans notre combat. Soyez notre rempart contre la malice et les pièges de la créature sans nom.

Que les prières et les mérites des bienheureux de la communauté aristotélicienne vous apportent la paix, la prospérité, la force et le salut par la foi et l’amour de notre Créateur.

Et que cette bénédiction permette à la quintessence divine de descendre sur ces armes et y demeure à jamais.

Il se tut, puis reprit de manière moins formelle à l'adresse d'Acis.

Voilà. Souvenez-vous, Capitaine, que certes vos armes sont à présent bénies, mais que cela ne vous autorise pas à commettre au nom de Dieu les pires crimes. Qu'elles vous servent toujours à protéger le Bien, si l'usage des mots s'avérait hélas infructueux, et que verser le sang devait être l'unique moyen de sauvegarder ce qui doit l'être.

Que Dieu vous protège !

Peccatore sortit de derrière les fagots une barrette.

Tenez, avec ça... vos amis comme vos ennemis sauront que Dieu a béni vos armes !

Bénédiction des Armes Aristote

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