[RP] Adieu à un ami...

Poète Nombre de messages : 11225 Date d'inscription : 10/01/2006

Quatre fois...Par quatre fois, Lothilde était revenue se planter devant l'affiche, ébahie, hésitant entre la joie que ce bon Adso soit enfin reconnu par les autorités ecclésiastiques et la peine de se dire qu'il allait s'en aller et qu'elle ne serait même pas là pour lui faire ses adieux et lui dire que même loin, très loin, et même si elle était mauvaise aristotélicienne, elle ne l'oublierait pas...
Elle se retourna, glissant autour d'elle un regard furtif tout autour de la place écrasée de chaleur pour s'assurer que personne ne regardait dans son coin et d'un geste vif, arracha l'affiche du clou qui la retenait à la vieille porte de bois pour la fourrer dans sa poche.
D'un pas dégagé, torsadant d'une main sa crinière avant de la nouer derrière sa tête, elle rejoignit ses compagnons aux portes de la ville et sortit l'affiche qu'elle leur tendit

Voilà...L'église aristotélicienne est venue faire son marché en Franche-Comté et embarque le père Adso à Cambrai...Bien pour lui d'être archevêque...c'est sûr..mais sans lui...arff... Accordez-moi quelques instants, le temps de lui écrire un message....Tenez, lisez !

Citation :: ROME (AAP) - Monseigneur Aurélien de Feytiat, Primat de France et Archevêque de Bordeaux a nommé, le 11 juillet 1458, le Père Adso, de la Congrégation des Affaires du Siècle, Archevêque de Cambrai, en Artois.

Le nouveau prélat succède à Monseigneur Otto Bismarck qui a déposé sa démission vers la fin mai, et devra gérer l'archidiocèse de Cambrai, regroupant les paroisses de Cambrai, Péronne, Arras, Azincourt, et Calais.

Cette nomination est un soulagement pour le clergé paroissial artésien qui connaît depuis près de trois mois un manque de directives épiscopales et pour les fidèles qui espèrent participer à de nouvelles messes et voir leurs églises pourvues d'un personnel ecclésiastique.

Asher, pour l'AAP

Récupérant son écritoire de voyage dans ses fontes, elle s'écarta des chevaux déjà harnachés pour le départ et alla s'adosser au tronc d'un arbre. Fusain en main, parchemin sur les genoux, elle ne prit pas la peine de réfléchir et se mit à écrire aussitôt

Citation :: Adso, mon ami...Oui je sais, je devrais sans doute vous appeler maintenant Eminentissime, ou Aristote sait quel autre titre grandiloquent, mais vous me connaissez, ces détails ne m'ont jamais semblé très importants...Je viens d'apprendre votre nomination à Cambrai et tenais à vous féliciter mais aussi vous dire ma profonde tristesse de vous voir quitter la Franche-Comté qui perd avec vous, certes, le plus bougon, le plus tatillon, et le moins dégourdi en voyage de tous les temps, mais aussi, surtout ! qui perd un homme de qualité, et moi...un ami très cher dont l'humour et l'intelligence me manqueront cruellement si un jour mes pas me ramènent dans ma région.
Vous nous manquerez à tous, et j'espère que les artésiens mesurent la chance qu'ils ont de vous récupérer et sauront vous accueillir comme le plus amusant des représentants d'Aristote. Le compliment n'est pas mince, tellement j'ai toujours trouvé que les prélats étaient plus ennuyeux qu'un jour de pluie en novembre et bien incapables de fantaisie...Avouez qu'il est bien rare d'en trouver un qui comme vous soit capable d'arborer sans complexe des chaussettes rouges et jaunes à petit pois, ou s'égarer dans la campagne alors qu'ils n'existe qu'un seul chemin...
J'avais rédigé à votre intention un petit manuel de survie pour curé en goguette, je vous le ferai parvenir à l'archevêché de Cambrai, ou m'y rendrai en personne pour vous le remettre en mains propres (j'insiste sur ce détail)
Aurez-vous également pour votre protection un teckel à poils ras, comme c'est l'usage dans les archevêchés ? Et embarquez-vous dans vos malles la servante maigre comme un vendredi saint pour veiller à votre ligne ?

Je vous envoie mon balbuzard pour vous apporter ce message de félicitations et vous dire tous mes encouragements dans votre prochain ministère. Il saura retrouver votre bure dans les chemins creux de Franche-Comté à l'Artois et me revenir là où je vais.

Avec toute mon affection
Lothilde

Revenant vers les compagnons qui remontaient sur leurs chevaux, elle ouvrit la cage d'osier attachée au pommeau de sa selle et prenant l'oiseau dans sa main, glissa le parchemin dans le petit tube attaché à sa patte avant de lui tendre un petit morceau d'étoffe noire sorti de ses fontes en souriant en coin...une odeur de bure pour le flair de son volatile...Le poing tendu elle le regarda prendre son envol et attendit qu'il ne soit plus qu'un petit point dans le ciel d'Aristote pour mettre le pied à l'étrier...

Adso avait été pris d'une grande frayeur lorsque le rapace était entré par la fenêtre et s'était approché, pour finir, malgré les mouvements d'Adso qui voulait se protéger, par se poser sur son bras. Adso était alors dans son bureau, en plein dans ses parchemins, essayant de traiter les affaires de son nouvel archidiocèse, tout en mettant en ordre ses affaires à Luxeuil. Bref, il était débordé, comme d'habitude.

Tout doucement, Adso avait retourné sa tête vers le balbuzard, s'attendant encore à le voir attaquer. Puis il avait remarqué le tube attaché à sa patte. Après maintes précautions, il en avait extrait le parchemin. Ce n'était pas pratique de le dérouler avec une seule main... Il avait donc fini par se décider à appeler à l'aide, tout en s'efforçant de garder l'air le plus digne qui soit, évidemment.

Après qu'on l'eut débarrassé de l'oiseau, il lut la lettre, puis leva les yeux au ciel : Décidément, Lothilde avait toujours le chic pour lui envoyer des piques l'air de rien... Enfin bon... le Très-Haut nous enjoignait la bienveillance...

Citation :: Ma chère Lothilde,

Pas de chichis entre nous, "Monseigneur" suffira. D'autant que c'est la terminologie adéquate à employer dans ce cas.

Je te remercie pour tes félicitations. Tu seras toujours la bienvenue à Cambrai. Mais ne te presse pas trop, je suis encore à Luxeuil, histoire de régler quelques détails, et surtout, j'attends la fin de l'épisode pluvieux qui rend nos contrées marécageuses depuis plusieurs jours. Tu connais mon sens de la sécurité, il est hors de question de prendre le risque que ma mule se blesse sur les chemins boueux.

Pour répondre à tes questions, je n'ai pas encore de teckel à poil ras. Quant à la servante, et bien, j'y songerai. Mais tu sais, pour ma protection à Cambrai, un officier d'expérience pour la garde épiscopale me serais d'une plus grande utilité. Si jamais tu en connais un(e), n'hésite pas à me l'adresser.

Que le Très-Haut te protège,

Adso.

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